dimanche 1 mars 2009

李嘉欣 Michelle Reis

Tsui Hark est à la fois un cinéaste novateur et une personne attachée aux figures traditionnelles du cinéma chinois. J'ai dû apprendre les arts martiaux pour ses films, car il yavait beaucoup de scènes d'action, de bagarres qui demandaient de la technique. Pendant trois ou quatre mois, on m'a enseigné les bonnes positions, les gestes ancestraux qui ont fait la beauté du cinéma classique. Avec Tsui, j'ai aussi découvert qu'une actrice de Hong Kong était sujette à tortures, déformations, cruauté... Je me souviens avoir dû sauter dans un bassin glacé, ou rester suspendue à un toit, être obligée de faire toutes les cascades moi-même.

Chez Hou Hsiao-Hsien, un espace, le cadre, est offert aux acteurs, qui peuvent en faire ce que bon leur semble, comme dans la vie, à partir du moment où ils respectent une certaine généalogie de gestes - ici, par exemple, une manière de fumer la pipe comme autrefois. Nul besoin de faire coïncider tel dialogue avec telle marque au sol, puisque HHH n'en utilise pas. Il donne quelques instructions, puis filme ce qu'il nomme des répétitions... Parfois au contraire, il a besoin de quinze ou vingt prises, de voir les acteurs fatigués, moins alertes. Il estime alors que le souffle de la vie est plus prégnant. Sa recherche, et la nôtre avec lui, est celle des comportements les plus naturels. Je me souviens qu'une fois habillée et maquillée, je me rendais sur le plateau et n'avais qu'à sentir l'atmosphère créée par le cinéaste venir à moi, à m'en pénétrer. Le Shanghaï rêvé des maisons closes du XIX° siècle était là. Tout était reconstitué avec une telle précision que l'âme et l'attitude des hommes et des femmes qui évoluaient dans ces milieux à cette époque semblaient flotter sur le plateau.

Cahiers du cinéma, numéro hors série Made in China.