jeudi 26 février 2009

2046

Objectif Cinéma : Dans 2046, comme dans tous vos autres films, vous portez une grande attention au geste. Il semble que la fiction naisse du geste, et du corps des acteurs.

Wong Kar-wai : C’est parce que je pense qu’il y a deux écoles aujourd’hui. Les acteurs et les actrices qui travaillent pour la télévision utilisent beaucoup leur visage. Ils expriment les émotions à travers le dialogue et les nombreux gros plans dont se sert la télévision. Mais ils ont plus de liberté dans les films, dans lesquels ils n’utilisent pas seulement leur visage, mais aussi leur corps. Certaines actrices font ça très bien, comme Faye Wang ou Maggie Cheung. Leur corps peut raconter une histoire mieux que deux lignes de dialogue. Parce que leur manière de bouger, leur manière de s’asseoir vous dit déjà qui elles sont, dans quel état d’esprit elles se trouvent.

Objectif Cinéma : Quel type d’indications leur donnez-vous pendant le tournage ?

Wong Kar-wai : « Marche. Tu n’es pas très heureuse, marche jusqu’au bout de la rue ». Dans 2046, par exemple, c’est une prise très facile à réaliser, vous installez la caméra et vous demandez à Faye Wang de marcher. C’est ce qu’elle fait, et c’est alors qu’elle crée toutes ces choses. Je pense que c’est mieux de faire ce genre de prises, plutôt que de faire simplement un gros plan de visage avec le même bla bla bla.

Extrait d'un Entretien réalisé le 13 octobre 2004 par Xavier Baert pour Objectif Cinéma qu'on peut lire ici dans son intégralité.