vendredi 4 janvier 2008

Paul Sharits

1. La puissance optique des films de Paul Sharits est sans équivalent. Structurées par une réflexion théorique fondamentale, ses images possèdent une force projective analogue à la flèche tirée par un archer zen : elles abolissent la différence entre le corps et l'écran, elles nous transforment en subjectiles.

2. Matérialisme, rappel.
Paul Sharits avait pour projet artistique de "déclarer" le cinéma et il l'a accompli. "Déclarer" signifie ici : contester, élucider, préciser, affirmer, déployer, ouvrir. Pour cela, il a provisoirement mis entre parenthèses la question de l'enregistrement, il a pensé les éléments concrets du dispositif un par un et refondé leurs rapports matériels et immatériels. Pour lui, le cinéma ne devait pas souscrire à la mimesis mais devenir présence sensible, pas un rappel, mais un appel. Ainsi, face au cinéma de la confirmation et de la déclamation (qui récite une leçon déjà dictée), il a inventé le cinéma de la déclaration, le declarative mode.

13. "Le chemin de la lumière paraît obscur. La grande image n'a pas de forme."
Voir un film de Paul Sharits, c'est comme si soudain un traducteur occidental de Lao-Tseu abandonnait son travail, se levait et se mettait à danser.

Nicole Brenez